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Le Nord Est du Vietnam, une région encore préservée du tourisme

Posted by Saboly on 5 mars 2016 in Asie, Vietnam, Voyages |

Partie de Sapa vers 12h00, j’arrive à Lao Cai environ 2h00 plus tard. Je me retrouve à la gare ferroviaire. J’ai bien du mal à obtenir des informations sur le bus qui va à Ha Giang. Ici, les locaux ne voient pas beaucoup de touristes et ils ne parlent guère l’anglais ! Finalement, grâce à un Vietnamien aimable et dévoué, du wifi et un traducteur via un portable, je réussis à savoir que le bus part le matin à 6h30 et c’est le seul !

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Bus de Lao Cai à Ha Giang

Je passe donc une après-midi et une nuit dans cette ville et, comme je suis loin du centre, après un petit tour, j’en profite pour répondre à mes mails et « skyper » avec la famille. Le matin, j’attends le bus à l’endroit indiqué. Le petit déjeuner se fait sans thé ni café, mais j’avais prévu. Le trajet est long. La route, par endroit, est très mauvaise et les croisements parfois difficiles… Les paysans travaillent dans les champs. Les femmes portent toujours autant de charges, bois, bambous, bébé. Il y a également beaucoup d’enfants qui travaillent et il n’est pas rare de voir de très jeunes filles porter leur frère ou sœur. Nous arrivons au terminal de bus vers 13H30. Je pars à pied vers la ville. Au bout de 2 kilomètres environ, je trouve une chambre spacieuse, avec vue sur la rivière, salle de bains, eau chaude et wi-fi pour un peu plus de 4 euros (100.000 dongs). Que demander de mieux ! J’ai payé la même chose à Lao Cai, sans fenêtre et sans salle d’eau…

Une fois mes affaires posées, je traverse Ha Giang. C’est avant tout une grande rue principale, la rivière et une partie de la ville de l’autre côté. Je ne croise pas un touriste. Ici, pas de boutiques de souvenirs ou de restaurants à chaque coin de rue.

La place de ha Giang

La place de Ha Giang

Je vais jusqu’à une grande place. Des équipements sportifs sont disposés pour inciter les habitants à pratiquer une activité et il y en a plusieurs qui s’en servent. Je suis venue ici grâce à Julien, le tour du mondiste rencontré à Muong Ngoy. Il m’a parlé un peu de cette région sauvage et cela m’a donné envie de la découvrir et surtout de faire une boucle à moto. Je trouve un loueur qui parle anglais mais qui, malgré toutes mes tentatives, ne baissera pas le prix de la location. C’est 200.000 pour un scooter et 400.000 pour une moto, à prendre ou à laisser. Je prendrai, car il est sérieux et surtout, son matériel est en très bon état, ce qui est important.

Je rentre à l’hôtel prendre une douche et fais quelques courses pour le petit déjeuner du lendemain. Lorsqu’il s’agit de payer, le commerçant me montre les billets que je lui dois et je lui donne la somme. Je trouve également un petit restaurant et on arrive à se comprendre par gestes. Je ne sais pas vraiment ce que je mange mais c’est délicieux et bien chaud. Il fait froid et j’ai faim.

En prenant la route de Dong Van

En prenant la route de Dong Van

Le lendemain matin, pas facile de trouver un endroit pour prendre un thé ou un café. Je me prépare en prenant mon temps car le ciel est bas. Chez le loueur, bien que la moto me tente beaucoup, je prends le scooter. Je laisse chez lui mon gros sac et vais faire le plein. Je prends ensuite la route vers Dong Van. Malgré la brume, les sommets se découvrent de temps en temps. Je m’arrête dans un village pour boire enfin un thé bien chaud. Il fait plutôt froid. La route se faufile à travers vallées et montagnes et elle est étroite. Lorsqu’il arrive un bus ou un camion, il vaut mieux se pousser, car eux ils passent ! Je suis entourée de montagnes. La route monte et redescend sans arrêt. Il y a quelques jolis belvédères mais la brume persiste ce matin.

Paysages du nord est

Paysages du nord est

Vers midi, je m’arrête à Yen Minh pour déjeuner. Les gens sont tous étonnés de voir une étrangère sur un scooter. Après un bon riz frit, je poursuis ma route. Les paysages sont spectaculaires. Je suis dans la région surnommée « montagnes de pierres ». Je suis admirative de voir chaque petit morceau de terrain exploité par les H’Mongs qui peuplent ces montagnes. Et la route monte et descend toujours, offrant chaque fois un panorama différent. A un moment, j’entre dans le brouillard. Je suis à plus de 1100m d’altitude et il fait froid. Je suis contente d’arriver à Dong Van. Ce village, perdu à l’extrême nord du Vietnam, était un endroit stratégique à l’époque indochinoise. Plusieurs fois sur la route, j’ai vu des panneaux indiquant la zone frontalière. J’ai parcouru plusieurs kilomètres vraiment en limite de la Chine.

C’est pour cette raison qu’il est obligatoire d’avoir un permis si on circule dans la région.

La route est sinueuese

La route est sinueuse

Vous l’obtiendrez facilement si vous couchez à Dong Van. Pour ma part, c’est comme cela que je l’ai obtenu, chez l’aubergiste où j’ai dormi et qui ne m’a pas augmenté le prix du permis malgré le service rendu. Cela autorise à poursuivre ensuite, sans souci, son  séjour dans toute la région. Je voulais vous donner toutes les explications pour l’obtenir mais j’ai découvert un blog très sympa sur lequel vous trouverez toutes les informations, alors suivez le lien http://desyeuxplusgrandsquelemonde.com/permis-pour-la-region-de-meo-vac-et-dong-van-au-vietnam et le permis n’aura plus de secret pour vous !

Le lendemain, le soleil brille. Nous sommes le 22 janvier et je trouve un super endroit pour déjeuner avec thé et pancake, le tout sur une terrasse au soleil. La journée démarre bien. Je vais ensuite chercher mes affaires et enfourche ma monture. Je me dirige vers Lung Cu. C’est une commune du nord du Vietnam, sur le plateau de Dong Van. L’altitude de cette zone se situe entre 1600 et 1800 m. Les habitants sont principalement des H’Mongs blancs mais aussi des Pu Péo, Tay et La La. La route est un étroit chemin, se transformant parfois en piste, carrossable mais très sinueux. A un certain moment, je traverse même une étendue de cailloux avant d’arriver en vue de Lung Cu.

Le drapeau de la tour à Lung Cu

Le drapeau de la tour à Lung Cu

Je me dirige vers la tour du drapeau qui domine le village. Je passe à côté du marché où les H’Mongs viennent vendre leurs produits mais aussi faire leurs emplettes. La route s’arrête et il reste plus de 300 marches à gravir pour atteindre le haut de la tour. Du sommet, on embrasse des yeux toute la région frontalière, avec en bas la rivière Nho Quê qui forme la frontière naturelle avec la Chine. À côté des rizières en gradins et des villages d’ethnies minoritaires, apparaissent deux grands lacs, distants de 200m. Un guide explique que ce sont les yeux du dragon, source de vie et symbole du haut plateau karstique. En tous cas, la vue est superbe et je contemple la vie qui se déroule à mes pieds.

Vue du sommet

Vue du sommet, un des lacs

L’histoire de la tour du drapeau de Lung Cu mérite d’être contée. Selon les annales historiques, le commandant en chef Ly Thuong Kiêt (dynastie des Ly, 1010 – 1225) fut le premier à faire construire un mât pour manifester la volonté de défendre le pays, mât agrémenté bien sûr d’un étendard.

Au fil des siècles, à travers une histoire nationale jalonnée de vicissitudes, la montagne de Lung Cu a presque toujours été l’endroit choisi pour hisser le drapeau national. Le mât a été reconstruit à maintes reprises. Grand tronc de pin au temps de Ly Thuong Kiêt, il est devenu une tour en briques en 1887 (au temps de la colonisation française). De grands travaux ont été réalisés en 2000, en 2002, et enfin 2010, année où le pays se préparait à la célébration du Millénaire de la capitale Thang Long-Hanoi (octobre 1010 – octobre 2010). Un projet d’envergure, d’un coût de près de 21 milliards de dông, qui a été achevé le 25 septembre 2010, après sept mois de construction.

La tour du drapeau de Lung Cu est un ouvrage architectural remarquable. L’étendard flotte à 33 m de haut : 20 m pour la tour (piédestal compris) et 13 m pour le mât. Le piédestal est une grande construction octogonale, agrémentée de sculptures inspirées de la population multiethnique de Hà Giang. La tour, de 3,8 m de diamètre,  porte à sa base des sculptures en marbre reproduisant les motifs des fameux tambours en bronze  de la culture de Dông Son. On accède au pied du drapeau par un escalier en colimaçon constitué de 140 marches. Ce dernier a une superficie de 54 m2, représentant les 54 ethnies du pays. Ce monument est important de par sa position. Pour le peuple, il est le symbole du patriotisme et de la souveraineté nationale. Lung Cu est le point le plus septentrional du Vietnam.

La guide locale et son mari

La guide locale et son mari

En redescendant, je m’assois au soleil sur un banc. Une guide locale, que j’avais vue au sommet, me propose de partager son repas. J’accepte avec plaisir. Je la suis jusque chez elle. Elle me présente son mari puis prépare le repas ; riz, légumes et porc, que nous mangeons assis par terre autour d’un plateau rond. Elle m’explique qu’ici, il n’y a pas de restaurant. Je remercie chaleureusement mes hôtes de leur accueil. Après le repas, je reprends la route. Je vais à Sa Phin voir le palais du roi H’Mong. La route est toujours aussi sinueuse et sublime. Tout d’un coup, devant moi, je vois un cochon attaché en travers d’un scooter. Je pense qu’il est mort et que son propriétaire va le dépecer lorsque soudain, il se soulage sur la route…. J’éclate de rire ! Cela, je ne l’avais encore jamais vu ! Plus loin, ce sont des bambous de plusieurs mètres qui sont tirés par des scooters. Parfois le démarrage est difficile et il arrive que tout le monde finisse par terre, scooter et bonhomme, si le ballant devient trop important. J’arrive au palais en riant encore de l’utilisation que les gens peuvent faire des scooters. Il faut dire que c’est le seul moyen de locomotion qu’ils ont, alors ils font vraiment tout avec .

Le palais H'Mong

Le palais H’Mong

Personne ne vit plus dans la demeure du roi H’Mong mais elle est entretenue par le gouvernement et se visite. Elle est l’œuvre d’un certain Vuong Ching Due, né dans une famille H ‘Mong, à Sa Phin. Sa carrière a laissé une empreinte profonde sur l’histoire de Dong Van. C’est un homme qualifié de talentueux et intelligent. A trente ans, il fut proclamé chef des H’Mongs de toute la région. Il a fait sa fortune dans le commerce de l’opium et la culture agricole. Le palais est divisé en plusieurs sections ; salle à manger, chambres, cuisine avec emplacement pour le feu, autels de prières… Il contient de nombreux objets. J’ai l’impression de me promener dans le temps. Je visite chaque pièce, je monte à tous les étages et j’imagine tout à fait quelle pouvait être la vie dans cette demeure.

H'Mongs blancs sur le marché de Lung Cu

H’Mongs blancs sur le marché de Lung Cu

Je retourne ensuite sur Dong Van et prends la route de Méo Vac. Dans cette région du nord est, il est possible de passer plusieurs jours et découvrir les nombreuses ethnies qui peuplent les différents villages. Je regrette de ne pas pouvoir y passer plus de temps, mais vraiment la saison ne s’y prête pas. Il faudrait soit venir au mois d’octobre, au moment de la récolte du riz, soit en avril, mai.

 

 

Col de Ma Pi Leng

Col de Ma Pi Leng

Lorsque j’arrive au col de Ma Pi Leng, le soleil s’est déjà caché mais le panorama est superbe. Je profite du belvédère et passe un moment à regarder et écouter la vie des villages alentours.

A mon arrivée à Méo Vac, je trouve une ghesthouse dans une petite rue tranquille puis vais manger dans un tout petit restaurant qui vient de faire des nems croustillants. Quelle merveilleuse journée ! Commencée ce matin, quand je suis sortie, avec le soleil qui brillait, puis une succession de paysages à couper le souffle, des vallées vertigineuses, des centaines de marches gravies pour voir le drapeau du Vietnam qui flottait au sommet à Lung Cu, une rencontre avec des Vietnamiens adorables, la frontière chinoise longée sur plusieurs kilomètres, des hommes tirant des bambous de plusieurs mètres avec des scooters, le peuple des H’Mongs blancs, ceux qui vivent dans la montagne, croisés sur les pistes, un cochon sur un scooter, pas mort, bien vivant et des tas de gens qui m’ont simplement souri ou fait un signe, heureux de me voir…

Lorsque je me lève le lendemain, il fait très froid. De plus, il a beaucoup plu durant la nuit et le temps est couvert. Je m’empresse d’acheter des gants car je suis incapable de conduire sans protection, mes doigts vont tomber !

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Paysages du nord est

Après quelques kilomètres sur une mauvaise route, je trouve enfin la piste qui retourne sur Ha Giang. Il faut impérativement avoir une carte pour savoir où l’on se trouve car il n’est pas possible d’obtenir des renseignements fiables. N’oubliez pas que la plupart des gens qui habitent ces endroits un peu isolés, ne savent ni lire ni écrire et si vous ne parlez pas le vietnamien, eux ne parlent pas l’anglais.

Toute la journée se passe sur une piste, par endroit très difficile, d’autant que la boue n’arrange pas le trajet. Heureusement, le temps se maintient sans pluie et les paysages sont agréables. Malgré tout, je n’ai pas le courage de sortir souvent l’appareil photo car j’ai vraiment froid et j’ai enfilé le poncho de pluie par dessus ma grosse veste pour m’isoler un peu. Je suis contente d’arriver à Ha Giang car je suis frigorifiée et vais boire un thé avant toute chose. Je ramène la moto chez le loueur qui m’invite à partager son repas avant de m’emmener à la gare routière où je prends un bus de nuit pour Hanoï. J’espère que la température sera plus agréable là-bas. Dans le bus, je me couche sous une montagne de couvertures et enfin parviens à me réchauffer !

 

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