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L’archipel des San Blas

Posted by Saboly on 12 mars 2017 in Amérique Centrale, Voyages |

Je rentre du Panama, plus exactement des San Blas, et si le paradis existe encore, c’est dans ces îles magnifiques, encore préservées du tourisme de masse qu’il se trouve!

Je vais vous faire partager un peu de la magie de ces lieux.

 

 

Un peu de géographie :

Situées dans la mer des Caraïbes, le long de la côte atlantique du Panama, les San Blas sont constituées de 365 îles coralliennes, une pour chaque jour de l’année. C’est une bande de terre de 320 000 hectares. Seule province autonome du pays, la Comarca Kuna Yala est le territoire indépendant du peuple Kuna. L’espagnol est la langue officielle du pays mais les Kunas ont un dialecte qui leur est particulier.

Pour accéder à ces îles superbes, il faut prendre un avion jusqu’à Panama City. Ensuite, monter dans un taxi qui, par une route très sinueuse à travers la montagne, mène en deux heures environ, à l’ embarcadère pour les San Blas. Il reste ensuite à prendre une « lancha », grâce à laquelle il sera possible d’ac- coster sur les îles dont la plus proche est Carti.

 

Les Kunas

Descendants des Mayas et métissés avec des indiens d’Amazonie, les Kunas ont peu à peu quitté la terre ferme du Panama, durant l’invasion espagnole, en particulier lors de la recherche de l’or le long de la rivière Atrato. Certaines tribus vivent encore sur le continent, repliés dans les montagnes.

C’est un peuple qui a ses propres lois, ses propres normes et ses propres valeurs. Ils arrivent à conserver leurs traditions grâce à leur situation géographique un peu isolée et essaient de ralentir au maximum le développement du tourisme et la progression de la modernisation.

C’est une société matriarcale et monogame.

Les Kunas vivent principalement de pêche et construisent des « cayucos » (pirogues) taillées dans des troncs de bois dur. La récolte des noix de coco est la seule activité agricole sur les îles. Elles sont achetées par des marchands colombiens qui sillonnent les îles. Les fruits et légumes proviennent du continent et beaucoup de familles possèdent des terrains agricoles sur la terre ferme. Les hommes partagent leur journée entre les cultures et la pêche. Les femmes brodent des « molas » et s’occupent de la cuisine et des enfants.

La capitale administrative de la Comaca Kuna Yala est El Porvenir où l’on trouve école, poste de police et administrations.

Une soixantaine d’îles sont habitées. Les Kunas vivent dans des petits villages constitués de huttes de bambou, construites à même le sol. Les toits sont faits en palmes tressées. Certaines îles sont maintenant aménagées avec des lodges permettant aux touristes de passage de partager une ou plusieurs nuits avec les Kunas.

 

Les « molas »

Mola, en Kuna, cela veut dire textile. Ce sont des tissus colorés, principalement cousus et  brodés par les femmes. Elles créent des panneaux rectangulaires qui servent à fabriquer le devant et l’arrière de leurs vêtements traditionnels. Elles superposent des tissus fins et découpent des motifs pour faire apparaître la couche de tissu du dessous, puis cousent ensuite l’ensemble par de tout petits points.

Bien sûr, aujourd’hui, beaucoup de « molas » sont vendus aux touristes de passage. Si ceux que l’on trouve à Panama sont « commerciaux », ici ils restent cousus à la main. Un « mola » demande plusieurs semaines de travail et la qualité du tissu dépend des points.

En France, le musée de la Roque d’Anthéron, dans les Bouches du Rhône, présente une centaine de « molas », non commerciaux. Chacun est unique et les dessins à thème sont d’une grande finesse. Une bonne occasion pour découvrir cet artisanat unique!

 

Ti-Bag, sous voiles

Mon séjour :

J’ai eu la grande chance d’accompagner les petits-enfants de mes amis Brigitte et Jean-Pierre sur leur bateau « Ti-Bag ». C’est un couple, avec lequel j’ai navigué lorsque j’avais un bateau, et avec lequel une réelle amitié s’est installée, que le temps n’a fait que renforcer, malgré mon changement de situation.

C’est donc avec un réel plaisir que je les ai retrouvés au mouillage d’Esnadup après une petite heure de « lancha ». Edouard et Camille sont les garçons de leur fille. Ils ont 8 et 9 ans et sont vraiment adorables. Le trajet a été long… mais tout est oublié devant ce merveilleux paysage !

Sable blanc, palmiers ondulant sous les alizés et eau turquoise, le séjour promet! Nous levons l’ancre pour une très courte navigation et nous installons devant l’adorable île de Buporgana. Un joyau posé sur la mer…

Vite les maillots et tout le monde dans l’eau ; il faut dire que nous n’avons pas de mal, elle fait 28° ! Un autre couple avec un catamaran, « Lady Athena » naviguent avec « Ti-Bag ». Nous faisons rapidement connaissance avec Jean-Louis, le capitaine et Jocelyne, sa compagne réunionnaise. Ils sont très sympathiques et Jean-Louis s’est pris au plaisir de la chasse sous-marine qu’il pratique avec Jean-Pierre. Brigitte nous a fait du crabe. Ils sont énormes ici et ressemblent un peu à des araignées. Ils sont très goûteux et charnus. Brigitte a aussi fait sécher plein de pains Kuna et chaque matin nous nous régalons. Les enfants s’en régalent aussi pour le goûter, avec la célèbre pâte à tartiner.

Le soir, personne ne se fait prier pour aller dormir.

                                                                                                               Dès le lendemain, nous profitons du soleil et nous levons l’ancre pour découvrir quelques-unes des 365 îles de l’archipel. Tiadup, Banedup, Barbecue island , aussi nommée la Piscine, car devant son mouillage, un trou d’eau y fait penser. L’eau se pare de mille nuances allant du turquoise au bleu. Nous ne restons pas là car il y a, pour nous, trop de bateaux. Nous passons entre les hauts fonds de Kalugirdup et Ukupsuit pour remonter dans la branche d’un Y, qu’ici tout le monde appelle « le tuyau ». En effet, un énorme tuyau est posé à l’entrée, venu de nulle part, perdu par un bateau sans doute !

Nous passons une grande partie de la journée dans l’eau, à admirer les fonds sous-marins qui sont très riches et nous voyons poissons, raies, gorgones et coraux. Les enfants se dépensent tellement que le soir, ils s’endorment à huit heures.

Le tuyau

Le séjour se poursuit et l’absence de vent nous permet d’aller faire des mouillages aux « hollandaises », îles situées plus à l’est mais impraticables lorsque M.Eole se met de la partie. Chaque jour, notre capitaine nous ramène le déjeuner. Longues parties de chasse et de natation constituent le quotidien. Au menu, poissons, langoustes ou crabe, le top!

 

Pique nique sur la plage avec les Kunas

Le dimanche, Ti-Bag et Lady Athena ont l’habitude de partager le repas. Cette fois, c’est le tour de Ti-Bag et Brigitte nous prépare un délicieux porc coco accompagné de riz, histoire de changer un peu. Joss a apporté une salade exotique et Jean-Louis une tarte papaye banane. Bien sûr Ti-punch pour l’apéro et noix de coco car le matin, les enfants sont allés à terre, casser des noix de coco avec Jean-Pierre. Un vrai régal !

Edouard va souvent chasser avec son Daddy. Cela lui plaît et il est encore plus ravi lorsque Jean-Louis lui prête un petit fusil, avec lequel il peut chasser vraiment. IL est très précis et vise bien. Les premières prises sont petites et nous ne pouvons pas les manger mais c’est un bon début. La veille du départ, il ramène un « maquerel fish » et il est vraiment content. Nous le félicitons et immortalisons ce moment!

Les jours passent trop vite, surtout en bonne compagnie et dans de telles conditions. Je découvre la navigation en catamaran. Cela fait bizarre d’être au prés, c’est à dire recevoir le vent de 40° et de ne pas être gîté ! Surprenant…

 

Un jour, Jean-Louis m’initie à la planche à voile…  C’est pas gagné ! J’essaie de persévérer toute la matinée mais c’est loin d’être facile!

 

Une autre fois, un petit grain rince le bateau alors que nous sommes en navigation,

Coco West

mais au moteur car le vent est absent. Lorsque nous arrivons au mouillage de Coco ouest, le soleil est revenu et nous offre une belle palette de couleurs. Les bleus de la mer, les verts des palmiers, les bruns des huttes et le blanc du sable se mélangent pour donner une image de carte postale.

Les jours se suivent et s’écoulent au rythme lent des voyageurs qui savent prendre le temps de vivre, de profiter du présent et d’apprécier les choses simples ; celles qui illuminent une journée, ces moments partagés qui laissent tant de bonheur dans la tête. Plongée, chasse sous-marine, natation, baignade, lecture, et bien sûr préparation des repas que Brigitte nous concocte avec amour. Sieste lorsque Monseigneur l’Astre Solaire est au plus fort de sa puissance, barbecue sur la plage avec les amis et poissons, frais pêchés, grillés au feu de bois, rythment notre quotidien.

Cette manière de vivre propre aux navigateurs me ramène quelques années en arrière avec une foule de bons souvenirs. J’ai aimé cette vie de nomade et je l’aime encore.

La Carangue!

Jean-Pierre revient avec une superbe carangue de 68 cm, qui finit au feu de bois. Nous partageons le repas avec les propriétaires de l’île d’Esnadup, une famille Kuna, Lady Athena et Diabolo Menthe, qui a à son bord deux fillettes. Cela permet aux enfants de passer plusieurs heures ensemble, à jouer comme des fous d’autant que Jean-Louis leur a prêté sa planche à voile ! Jean-Pierre les tire avec l’annexe et leurs rires résonnent dans tout le lagon.

La veille du dernier jour, Jocelyne nous prépare un repas réunionnais sur Lady Athéna ; le soir, ils viennent boire l’apéro et nous leur disons au revoir. Jean-Pierre a ramené un crabe magnifique pour le dernier repas sur Ti-Bag.

Le matin du départ, Brigitte et lui  nous emmènent en bateau sur Carti. Le vent souffle fort et les nuages sont présents. Nous envoyons grand’voile et génois. Quel joie de naviguer. Nous filons à plus de 9 nœuds et je suis impressionnée. Une telle vitesse était impossible sur notre monocoque !

Nous parcourons les 16 miles à une moyenne de 8,5 nœuds et atteignons Carti vers 11h00. En navigation, Brigitte prépare un cake pour que nous puissions  l’emmener. Pendant la cuisson, le bateau embaume et nous fait saliver. Nous allons visiter le village, puis Brigitte en profite pour faire les courses. Nous avons de la chance, l’approvisionnement en fruits et légumes arrive alors que nous sommes à l’épicerie. C’est le premier jour où le soleil ne brille pas, car tout au long de notre séjour il a été présent et un grain tombe pendant que nous sommes à terre.

A midi, nous mangeons le crabe et du poisson. Edouard est très fier car Brigitte a fait cuire celui qu’il a chassé et nous nous régalons!

A 15h00, la « lancha » vient nous chercher et il est temps pour nous de quitter nos hôtes.

 

Merci à Jean-Pierre et Brigitte pour ce séjour inoubliable qui m’a permis de découvrir cet archipel paradisiaque que je n’avais pas eu l’occasion de parcourir.

 

 

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